Remplir des dossiers, remplir des dossiers, signer des avis, signer ceci, cela...Quelle journée ennuyeuse au bureau. Mon bureau privé j'entends, j'ai besoin de mon intimité. Surtout pour grogner, râler, soupirer, à la vue de toute cette paperasse qui n'en finit plus de s'échouer sur mon bureau. Je pourrais bien embaucher une personne pour faire ce sale boulot à ma place, seulement ce serait trop risqué que cet employé tombe sur des choses...confidentielles. Pour le bien de ma malédiction et mon règne suprême sur Storybrooke, je décidai de mettre ma colère de côté et de continuer sagement de remplir ces maudits dossiers. J'avais appris un bon nombre de fois qu'il fallait faire beaucoup de sacrifices pour que je puisse assouvir ma soif de vengeance. D'accord je l'admets, certaines choses me stressent et m'angoissent un peu ces derniers temps. Obéir à un gnome malfaisant à cause d'un simple « S'il vous plaît » était déjà suffisamment rabaissant, mais je savais au fond de moi que de nous deux c'était lui le plus puissant. La petite garce de Belle relâchée, le dénommé Rumpelstilskin allait sûrement chercher à se venger. De moi. Je devrais faire preuve d'une grande prudence vis-à-vis de lui et si ça ne tenait qu'à moi je n'irais plus le voir. Seulement voilà, le retour de ma chère et tendre rivale la reine des mers fit son apparition dans ma ville il y a peu. Pourtant, je n'avais pas cherché à ce qu'elle vienne ici, à Storybrooke, et perde la mémoire. J'avais fait exprès de la laisser dans son océan, et résultat, elle est quand même venue. J'ignore encore comment elle a déniché ce passage entre les deux mondes, mais il fallait absolument que cela soit dissimulé. Pour se faire, la barboteuse réclame une fourchette géante, pour contrôler pleinement les mers. Vous me direz, je m'en contre fiche que ce soit le cas, au moins elle aura réussit au moins une chose dans sa vie. Le plus embêtant pour moi était que cette fourchette, un trident donc, était détenu par Rumplestilskin, qui voulait probablement me tuer à l'heure qu'il est. Évidemment, Vanessa ne se prive pas pour me mettre un peu plus de pression à chacune de ses visites. En bref, le temps presse. Et mon plan n'est pas suffisamment au point. Toutes ces réflexions me mettent les nerfs à vif et j'y pensais tellement que la point de mon style finit par transpercer le papier sur lequel je signais, tant j'avais appuyé fort par mécontentement. Je laissai échapper un juron et me lève soudainement du bureau, allant me calmer un peu en me plaçant contre la fenêtre, et contemplant mon pommier. Celui-ci semblait moins rayonnant, signe que la malédiction connaissait une faille. Je devais vite récupérer ce trident, de dieu...A la vue de cet arbre, un souvenir me vint à l'esprit, aussi déplaisant que les autres. Emma Swan hantait à présent ma tête, je la revoyais armée d'une tronçonneuse et bousillant le fruit de ma puissance. Je grogne et râle pour moi-même, décidément aujourd'hui n'est pas un bon jour. Un rien m'agace. Pourquoi il avait fallut que cette soit disant sauveuse vienne maintenant combler mon mécontentement ? Ce Shérif à la noix...Oh mais dis donc ! En voilà une idée, qu'elle est bonne. Finalement, c'était elle la solution. Après tout elle était de la police maintenant, elle est sensée assurer la protection des habitants. En l'occurrence, la mienne. Si elle s'assurait de ma protection, je pourrais sans encombre voler le trident de Mr Gold, et être en sécurité. Pas de magie dans ce monde, Rumple n'aurait ainsi pas l'avantage face au flingue d'Emma, n'est-ce pas ?

Très bien, je me mis alors en route pour le commissariat. Élégante, bien entendu, comme à mon habitude. Tailleur, jupe courte, longues bottes, trench...et mon regard hautain. Toute la prestance d'une Reine. Évidemment, aller demander une telle chose à la blonde que je détestais le plus ici, était plutôt rabaissant. Rien que cette pensée m'énervait. Mais je n'avais pas le choix. Henry était à l'école, je n'allais pas tarder à aller le chercher, d'ici une petite heure. Puisque j'étais dans le coin, j'en profiterais. Tout d'abord, je m'assurais que l'espèce de coccinelle hideuse et jaunâtre d'Emma Swan était garée. Elle y était, ainsi que la voiture du Shérif, beaucoup plus classe. Donc Emma était là aussi, par déduction. J'entrais peu après dans son bureau, sans frapper ni prévenir, je n'allais pas lui faire cet honneur. Et j'étais si agacée que je n'allais pas lui faire de politesses non plus. La blondinette avait l'air plongée dans des dossiers elle aussi. Et je m'en fichais de l'interrompre en plein travail. Aussitôt rentrée, je commençai à râler :

« Miss Swan je vous préviens de suite que je me fiche de quoique vous fassiez, mais cessez car j'ai une requête urgente et je n'ai pas envie de m'attarder avec vous. »

Comme si j'allais m'arrêter là. Je bouillais intérieurement de devoir demander une telle chose à Emma, alors je me vengeais d'ores et déjà avant qu'elle n'ait pu ouvrir la bouche. Je vins m'appuyer contre son bureau, remuant un peu les papiers sur lesquels Miss Swan travaillait. La toisant de haut, je continuai.

« A ce propos, je trouve que vous ne faîtes pas du bon travail, même si j'ai déjà dû l'insinuer, je le dis et je le répète. Il va falloir vous secouer Emma, rien de va plus, les habitants ne se sentent plus en sécurité. C'est intolérable. Alors cessez avec de la paperasse inutile et mettez-vous un peu plus au travail, ou je serais contrainte de vous faire remplacer. »

Je crois avoir terminé maintenant. D'habitude, j'évitais d'être si directe en public. Mais étant donné que nous étions que toutes les deux, je n'avais aucune raison qui m'empêchait de lui dévoiler mes vraies pensées à son égard.

Impulsive, comme toujours. Aussitôt la blonde se lève et se met à grogner à son tour, venant se poster juste devant moi par pure provocation. Décidément, cette fille me causera éternellement du fil à retordre. Du moins, tant qu'elle sera là. Regina Mills, crainte de tous habituellement, ne faisait que peu d'impression à cette Emma Swan. Pour sûr, jamais elle n'allait accepter ce que j'allais demander. Et malheureusement je n'avais même pas pu tenter de la détourner un peu de mes véritables intentions en venant ici en commençant par lui crier dessus, car elle avait de suite deviné que je voulais quelque chose. C'est vrai que je venais rarement lui parler si je n'avais pas quelque chose à lui reprocher, ou du chantage à lui faire. Concernant Henry la plupart du temps. Mais cette fois c'était ni l'un ni l'autre, et je savais qu'en lui révélant la vraie raison qui m'a poussée à venir lui demander de l'aide, je perdrais toute crédibilité. Et après toutes les méchancetés que je lui avais sorti depuis qu'Emma était arrivée ici, elle allait refuser. Et se payer ma tête. Néanmoins, il faut reconnaître que Miss Swan n'est pas si bête...pour une blonde. Elle avait tout de suite compris. C'est surtout ça qui fit apparaître sur mon visage un énervement évident. Les yeux levés vers elle, la fixant d'un air glacial et sévère, ma poitrine se gonflait témoignant d'une profonde respiration pour garder mon calme. Quel dommage que malgré mes talons je n'arrive quand même pas à sa taille, j'aurais pu être plus impressionnante. Je lève alors mon doigt en pointant son visage, pour l'avertir.

« Cessez vos impolitesses immédiatement, vous n'êtes pas en bonne posture pour me répondre ainsi. »

Finalement, je me détache d'elle pour déambuler un peu dans le bureau. Une main dans une poche de mon long manteau, l'autre farfouillant et touchant à quelques trucs, jusqu'à une feuille que j'avais dérangé tout à l'heure, que je pris pour la lire. Enfin, je ne la lisais pas vraiment, je parcourais simplement du regard sans vraiment savoir de quoi ça parlait réellement, j'avais la fâcheuse manie de toujours faire mine de faire autre chose quand j'avais une requête importante, et qui me déstabilisait. Mais je finis par me lancer, toujours avec ce même ton et la voix rauque.

« Bon, un peu de sérieux. Je vous lance sur une nouvelle affaire. Je vous demanderais...d'avoir une surveillance particulière sur Mr Gold. Au cas où il essayerait de me nuire. Je dis bien « au cas où » bien sûr, ce n'est que par pure précaution. » puis je relâche la feuille nonchalamment et tourne la tête de nouveau vers Emma. « C'est un travail prioritaire que je vous demande. Évidemment, je m'adresse à vous en toute confidentialité. »

Il est bien normal que le Maire de la ville passe en priorité, non ? Surtout qu'il ne s'agit pas d'une précaution, mais d'une réalité...même si je n'avais pas encore eu de représailles de Rumplestilskin, je savais que cela ne saurait tarder. Je conclus en revenant me mettre face à elle, baissant d'un ton mais d'une voix plus glaciale encore.

« Vous savez ce qui se passera si vous refusez...n'est-ce pas ? » Henry, bien sûr...

Régina n'a pas intérêt à jouer les malignes, ou la grande madame le maire avec moi. Pour la première fois, je détiens quelque chose qu'elle veut et je ne lâcherai pas mon avantage si facilement. A jouer les plus forte, elle aurait surement du se douter qu'un jour la roue allait tourner. La jolie brune autoritaire semble d'abord frustrée et légèrement énervée, ce qui s'explique assez facilement puisqu'on doit rarement lui dire " non ". Mais c'est un luxe que je m'accorde compte tenu des évènements. Elle tourne en rond comme un rapace autour de sa proie, sortant un petit bout de papier puis me demande clairement de surveiller ce cher monsieur Gold. En quoi celui-ci pourrait la nuire, d'ailleurs, il n'a fait que m'aider pour le moment contre la toute puissante autorité de madame le maire. Je n'ai surement pas intérêt à me débarrasser d'un allié de cet acabit, même si ses méthodes sont contestables. Néanmoins, je ne peux pas le laisser agir à sa guise.

" Désolé madame le maire, mais je ne ferai rien qui n'en vaille pas la peine à moins que vous m'expliquez en quoi un infirme peut vous nuire alors que vous avez la main prise sur toute la ville et que vous puissez croire que vous allez me contrôler comme un pion sur votre jolie échiquier. Pourquoi veut-il vous nuire ? Pour le moment, j'ai plus confiance en lui qu'en vous, il n'a fait que m'aider contre vous et c'est peut-être encore grâce à cela qu'Henry croit toujours en moi. "

Obtenir des informations est un art, comme celui de savoir quand les gens ne vous disent pas toute la vérité. Je ne laisserai pas Régina obtenir ce qu'elle veut sans qu'elle m'en ai dit un peu plus sur les raisons de sa venue dans mon bureau. Je veux savoir pourquoi Gold veut lui nuire qui n'est d'ailleurs pas en rapport avec moi. Depuis que je suis arrivée à Storybrook, tout ce petit monde qui semblait tourner comme une horloge se met à grincer et se dérégler de plus en plus. Régina, dit moi ce que tu caches !

Mon poing se resserre. La veine sur mon front gonfle, et mes pupilles sombres se fendent. Je la fusille du regard, que Dieu maudisse cette Emma Swan. Pourquoi, pourquoi est-ce qu'elle est toujours la première à me tenir tête ? Je déteste les inconnus qui viennent dans ma ville. Ils sont les seuls que je n'impressionne pas. La sauveuse, hein ? Je dirais plutôt, la plus impertinente des blondinettes. Mademoiselle est à présent Shérif pour remplacer ce bon à rien de Graham, et elle croit que je vais la laisser prendre ses aises. Visiblement, elle se met le doigt dans l'oeil. Elle pourrait au moins songer à cette horrible gêne pour moi de venir lui demander une chose pareille, et de l'oser surtout. Emma espérait vraiment que j'allais lui révéler ce qu'elle me demandait ? Elle me sous-estimait vraiment. Bien. Inutile de s'énerver. Je respire un coup, laissant dégonfler la veine sur mon front et reprendre une expression normale...en quelque sorte. Tentant de me calmer, je contourne la miss Swan devant moi pour aller m'appuyer contre le rebord de la fenêtre, regardant dehors dans la rue.

« Miss Swan, il semblerait que vous n'ayez pas très bien compris votre rôle ici. » Je me retins d'ajouter « Normal, vous êtes blonde. » même si je le pensais très fort. « Vous devez assurer la protection des habitants de cette ville, et de moi en priorité puisque j'en suis la dirigeante, ça me paraît normal. D'autant plus que ce n'est qu'une simple précaution à prendre, que je vous demande. »

Sur ces bonnes paroles de Maître, je me retourne vers elle. Me frottant furtivement les mains après avoir tripoté le rebord de fenêtre qui devait être tout poussiéreux et plein de microbes, je me rapproche de la blondinette. Plantant mes yeux sombres et menaçants dans les siens, je lui fais comprendre ceci :

« Mes raisons ne regardent que moi, je ne vous en ferais pas part. Vous n'êtes qu'une de mes employées ici, alors je vous conseille de ne pas discuter, ou il se pourrait bien que j'interdise définitivement à MON fils de vous voir. Me suis-je bien fait comprendre ? »

Non mais.

Non mais pour qui elle se prend ? En plus de vouloir m'apprendre mon métier elle me menace de ne plus voir Henry. D'ailleurs, je crois que Régina a déjà interdit à mon fils de venir me voir. Abominable sa.... Garce ! Je serre les dents pour ne pas la frapper en plein visage et je rassemble mes affaires devant moi, comme si j'allai m'en aller ou peut-être simplement ranger un peu.

- Désolé madame le maire, mais je n'obéirai pas comme tout les habitants de cette ville à vos caprices. Prenez vos responsabilités. Si Monsieur Gold a l'intention de s'en prendre à vous, soit il demandera mon aide, ou alors rien que je puisse faire ne pourra très certainement l'en empêcher. Me menacer est une mauvaise idée compte tenu de la situation. Je ferai mon travail rien de plus et je ne compte pas devenir votre toutou..

Je pourrai très certainement être plus gentille, mais au final j'en apprendrai plus sur les petites histoires de Régina si elle pense que je ne vais pas lui obéir. Je compte bien surveiller Gold, tout autant qu'elle d'ailleurs, il faut absolument que j'en sache plus sur ce qui se passe à Storybrook. Les nouveaux arrivants semblent avoir bousculer l'ordre des choses et Régina ne serait certainement pas venue dans mon bureau pour un problème qu'elle aurait facilement pu régler toute seule. Gold semble bien plus dangereux qu'il n'y parait...

J'enfile ma veste sur le dos, prenant les clés de ma petite voiture jaune et je me dirige vers l'extérieur sans même faire attention à Régina. Ce n'est pas exactement comme si je voulais fuir la conversation, mais plutôt que je sentais que ce débat allait finir soit en crêpage de chignon ou finir par tourner en rond dans un flot de menaces et d'insultes in-constructives.

" Madame le maire... Si vous voulez bien vous donner la peine de sortir, je vais à présent rentrer chez moi et vous allez très certainement faire de même à moins que vous vouliez passer la nuit ici. "

Elle me pourrit la vie cette blondasse. Vous savez cette célèbre veine qui gonfle sous la peau de mon crâne quand je suis énervée ? Et bien là, elle était quasiment sur le point d'exploser. Je me retenais de mettre mes mains autour du sale petit coup de la miss Swan et de lui tordre comme une oie. Si seulement j'avais encore mes pouvoirs magiques, elle serait déjà morte. D'ailleurs, j'aurais dû prendre cette menace de Rumplestilskin plus au sérieux quand il parlait de sauveuse et mettre tout en œuvre pour la tuer lorsqu'elle n'était qu'un petit bébé dans les bras de Blanche Neige, quand j'en avais l'occasion. Quand bien même j'avais confié cette tâche à mes gardes. Alors que j'aurais été bien plus efficace moi-même. Visiblement, cela ne servait à rien d'insister, Emma Swan ne m'obéirait jamais. Et en attendant, j'étais sans protection au cas où Gold voudrait s'en prendre à moi pour venger Belle. Tant pis, je me débrouillerais toute seule et je n'ai absolument pas besoin d'une blondasse pour me protéger d'un vieux boiteux. Merde, maintenant je ne savais même plus pourquoi j'étais venue là. Au final, j'étais bien plus énervée après moi qu'après Emma. C'était complètement stupide de ma part et à présent j'étais bien plus gênée. Et je le masquais en me montrant particulièrement désagréable. Pourtant, je songeais aux menaces que j'avais proliféré. Lui interdire de voir Henry n'était peut-être pas la solution. Il serait peut-être temps de changer de tactique. Plus j'essayais d'affronter Swan, plus cela me retombait dessus et la malédiction s'affaiblissait. Que faire à présent...je soupire un bon coup pour tenter de me calmer et faire dégonfler la veine sur mon front. Avec tout ça je n'avais pas regardé l'heure. Le commissariat allait fermer, Emma souhaitait que je sorte à présent. Je ne répondis pas tout de suite, puis finalement je me décidai à quitter, après un nouveau soupire. Je glisse mes mains dans les poches de mon long manteau noir et me dirige vers la sortie. Je m'arrête juste devant Emma, pour lui répondre. Ma voix s'est considérablement radoucie, même si les traits de mon visage sont toujours aussi strictes et froids.

« Bien, j'ai compris. Passez alors une bonne soirée Miss Swan. Et veuillez accepter mes excuses, je ne voulais pas me montrer si désagréable. Je suis juste un peu préoccupée et sur les nerfs en ce moment. Au revoir. »

Et bien finalement ce n'était pas si difficile d'être « gentille »...moi qui pensais que jamais je ne pourrais me montrer plus agréable avec Emma ! Qui plus est de l'avoir gratifiée d'un au revoir alors que je ne lui avais même pas dit bonjour en entrant et que je ne le faisais jamais. En fin de compte, ce changement de tactique n'allait pas être si compliqué.