Au moment de me réveiller, je me suis demandée si j'avais fermé l'oeil de la nuit. Toute cette histoire me hantais. Pourquoi fallait-il que je tombe amoureuse de David, un homme marié ? Mais le soir où je les retrouvé dans la forêt, il s'est passé quelque chose d'inexplicable. Quand il a ouvert les yeux et a posé son regard sur le mien, c'était comme si je l'avais toujours connu, voir aimé. Comment comprendre ce sentiment inconcevable et surtout interdit. Je ne pensais qu'à lui et cette femme sortie de nulle part qui dit être sa femme. Pourquoi ce genre de chose n'arrivait qu'à moi ? Je vais finir par croire Henry et ses histoires de contes de fées maudits. Je n'arrivais pas à être heureuse pour lui d'avoir retrouvé sa femme. Je me montrais pour la première de ma vie égoïste, je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir être avec lui et de trouver n'importe qu'elle prétexte pour le voir. Je savais que ce que je faisais n'était pas bien, mais c'était plus fort que moi.

Il était déjà six heures quarante-cinq. Je fis un saut jusqu'à la salle de bain pour me préparer, voltiger jusqu'à la cuisine pour manger un bout d'une chose qui devait sûrement être une tourte. Emma me regardait d'un air perplexe face à ce spectacle que je faisais tous les matins depuis quelques temps. Avant de sauter de mes chaussures et de fermer la porte, je lui fis un large sourire crispé. « A ce soir Emma ! » Je n'étais pas du genre à cacher des choses et encore moins à mentir. Le fait de ne pas pouvoir en parler avec personne me rendait dingue.

Je marchais au pas de course jusqu'au Granny's Coffee. J'espérais qu'une chose, qu'il soit là ou que je ne l'ai pas raté. Je me trouvais totalement stupide de faire cela et digne d'une gamine écervelée par l'amour. En passant la porte mon coeur battait la chamade sans que je puisse le contrôler. Je pris un instant pour observer la salle et je pus constater qu'il n'était pas encore passé prendre son café. Je vis Ruby au comptoir sûrement en train de préparer le café. « Bonjour Ruby !...Euh...un.. un chocolat avec de la cannelle s'il te plait... » Le même sourire se crispa sur mes lèvres au même moment. Elle était une amie de longue date que j'appréciais énormément. Même s'il est vrai que toutes les deux nous sommes très différentes, nous sommes très proches. D'ailleurs, cela n'arrangeait pas ma tâche. Elle est loin d'être bête. Même si elle sait que je l'adore, elle va bientôt comprendre que je ne viens pas tous les matins dans son café pour ses beaux yeux. Mon comportement aussi bizarre soit-il allait certainement me porter préjudice. Je me mis comme à mon habitude, à la table la plus proche du comptoir. J'entendis une voiture se garer devant le bar. Je pris un moment pour me recoiffer et je pris en main mon café ainsi que mon livre pour faire comme si de rien était.

En entendant le tintement de la cloche, mon coeur était tellement affolé, que j'ai cru pendant un moment qu'il allait se décrocher. Je ne savais pas encore qui venait de rentrer, mais mon coeur lui, le pouvait. Je fis semblant d'à peine le remarquer comme à mon habitude. Au moment où il était dos à moi vers Ruby pour commander son café, je restais figé en le regardant jusqu'au moment où il se retourna vers moi. Il me fit son plus beau sourire avant de repartir pour aller à son travail. J'avais envie que d'une chose, aller lui parler et lui avouer mes sentiments. Je savais que tout cela n'était pas possible pour le moment. Mais je ne pouvais pas faire autrement que de lui rendre son sourire en le suivant du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse du café. Au moment où j'allais me replonger dans ma lecture en arrivant pas à défaire se sourire niais de mon visage, je me sentis observée.

En tournant le visage vers le comptoir je croisai le regard de Ruby. Elle me regardait avec le regard d'une amie qui vient de comprendre ce que vous lui cachiez et qui explique votre comportement étrange. « Me regarde pas comme ça Ruby.. ! Je sais ce que tu penses et tu n'as peu-être pas tort ! » J'avais l'air d'une voleuse prise la main dans le sac. Elle allait certainement me faire un sermon sur les relations extra-conjugales. Ma chère amie allait sûrement me mettre devant une réalité que je ne voulais m'avouer. Il était marié et je ne devais rien faire pour briser leur couple. « Je t'écoute vas-y dis moi ce que tu as sur la coeur par rapport à mon comportement stupide...! » Je la regardais, suspendue à ses lèvres en attendant son verdict.