Vous savez ce qui est vraiment jouissif dans cette nouvelle vie, ce nouveau monde ? C'est que tous les habitants de Storybrooke vivent un peu dans l'ignorance de ce qu'il y a au-delà des frontières de ma ville, à quelques exceptions près. Je veux dire, mis à part de ce qu'ils ont appris sur les cartes de géographie et d'histoire. J'ai totalement pris le contrôle de cette ville, pourtant je ne suis pas sensée ignorer que je n'ai crée qu'un cliché, une manière de « régner » sur Storybrooke complètement différente de ce qui se passe dans n'importe quelle autre ville des Etats-Unis. Mais les habitants ici l'ignorent, et resteront longtemps dans l'ignorance. Car même dépourvue de magie, je reste la seule femme avec du pouvoir, aussi puissante que je ne l'étais dans le monde d'où nous venons tous. De ce fait, j'ai quand même gardé la prestance d'une Reine. Je me suis créer une nouvelle vie certes, mais pas tellement différente qu'avant sur certains points. Je suis toujours puissante, toujours crainte, et toujours riche. Ma maison, la Mairie et mes nouvelles habitudes de vie le prouvent. Peu d'habitants à Storybrooke possèdent ce que je détiens...à quelques exceptions près, comme toujours. Mais bref. Malgré tout, il y a quand même des restes de mon ancienne vie, à commencer par la plus grande fierté qui trône au milieu du grand jardin de ma Mairie. Le pommier. Ce n'est pas un pommier ordinaire bien entendu, ce n'est pas par hasard que je l'ai planté là. Cet arbre symbolise beaucoup, à commence par la vie en pleine évolution. Cette nouvelle vie. Aussi longtemps que ce pommier donnera de belles pommes rouges, cela signifiera que la malédiction perdurera, sans faillir. Ces histoires de « sauveuse », je n'y crois pas. Une pauvre fille qui débarque du jour au lendemain ne peut la détruire. Alors, cet arbre symbolise également, et surtout, toute ma puissance et mon emprise sur cette ville. C'est pour cela que j'en prends soin, et que chaque jour je viens m'en occuper. Mais aujourd'hui n'est un jour comme les autres...En effet, l'arbre semble avoir un peu perdu de sa splendeur. Cela ne présage rien de bon. Pourtant, Henry à l'école, moi revenant du conseil municipal, pas d'Emma Swan dans mes affaires, bref tout devait aller pour le mieux. Je prends simplement un peu de bon temps désormais en attendant le retour d'Henry de l'école, où il trouvera un bon goûter de préparé sur la table de la salle à manger. Quelle maman attentionnée, n'est-ce pas ? Malheureusement, tout a un prix, même la paix. Et elle ne dure pas éternellement, car on vint juste sonner à ma porte, alors que pourtant je n'attends personne. J'hausse un sourcil, agacée d'être perturbée ainsi en plein tête à tête avec mon miroir. Je soupire pour moi-même, puis me dirige vers la porte pour aller ouvrir. Avec un peu de méfiance, toutefois. On ne sait jamais ce qu'il peut vous tomber dessus ici. Il n'y a pas que la magie qui est imprévisible, dira-t-on. Arborant mon habituel air froid et sévère, j'ouvre machinalement la porte, et à ma grande surprise...Vanessa. Il m'avait bien semblé que ma journée ne se passerait pas comme je l'avais prévu. Je savais très bien pourquoi elle était là, la première fois qu'elle s'était rendue ici, elle me réclamait le trident du Roi Triton en échange du secret du passage vers le monde des contes. Je dois avouer que la première fois je n'avais pas vraiment pris cela au sérieux, n'ayant croisé aucun autre personne venant de ce monde. Mais il semblerait que la Reine des poissons voulait insister. Toutefois, je la gratifiai d'un magnifique sourire hypocrite. La toisant de haut, je lui lançai :

« Tiens, Vanessa, ma chère...si je m'attendais. »

Intérieurement, j'étais bien évidemment agacée. Je n'avais absolument aucune envie de parlementer avec elle sur un sujet qui me fâche. Mais je n'avais comme qui dirait pas le choix. Je ne lui laissais pas le temps de dire quoique ce soit pour le moment.

« C'est un plaisir de te recevoir, comme toujours. »Belle parole ironique, bien entendu. Mais je m'efforçais de sourire. « Quel bon vent t'amènes ? Entre, je t'en prie. »

Et oui, je n'avais pas d'autre choix que de la faire entrer. Je savais ce qu'elle voulait et je ne souhaitais pas que des oreilles indiscrètes nous surprennent. Je m'écarte de devant la porte et la laisse entrer, prenant soin de refermer la porte derrière elle. Je puis me permettre de perdre mon sourire à présent, et laissai échapper un profond soupire pour lui témoigner ma réticence à sa présence ici.

Régina. Cette mal-autrui ne semblait pas se rendre compte à quel point j'avais besoin de ce trident. Elle qui considérait ça comme un objet de pacotille avait bien tort. D'ailleurs, dès qu'il sera enfin en ma possession je ne manquerais pas de lui montrer ses pouvoirs. Pour le moment je devais me contenter de ma propre magie. Bien qu'elle fut assez puissante j'avais toujours été avide de plus. Cette visite de courtoisie me coutait. Je n'avais pas que ça à faire. Qui est-ce qui allait semer la terreur sur l'océan pendant mon absence ? J’espérais que ça ne dure pas longtemps. Nos échanges avaient toujours été électriques. Comme si on avait jeté deux lionnes dans une arène.

J'approchais désormais de sa maison. Elle ne se refusait rien notre chère reine. Je roulai des yeux. Mon arrivée était accompagnée d'une brise fraiche. Je fermai mon manteau, replaçai une mèche de cheveux rebelle et sonnai à sa porte. J'entendis des pas puis elle apparut enfin. Régina Mills, la toute puissante et tout aussi méchante reine. Je lui rendait son sourire hypocrite. Je pouvais au moins lui reconnaitre le mérite d'essayer de paraitre aimable, même si elle en était incapable. « Quel bon vent t'amènes ? Entre, je t'en prie. » Je lui lançai un regard qui en disait long. J'entrai néanmoins même si ce que j'avais à lui dire était plutôt bref.

« Tu n'es pas obligée de me faire ton numéro Régina. lançai-je en guise de bonjour tu sais très bien que ce n'est pas une visite de courtoisie »

La dernière fois que j'étais venue ici c'était pour révéler l'existence du passage à la reine. J'avais adoré voir son visage se décomposer. Jamais je n'avais vu Régina dans un tel état et ça avait été jouissif.


Un soir pluvieux il y a quelques temps
Un miracle, c'était tout simplement un miracle. Je ne sais comment j'avais trouvé cela mais c'était une aubaine. Cela faisait quelques jours déjà que mon instinct maléfique et avide d'âmes désespérées m'attirait vers cet endroit. Ainsi j'avais trouvé un passage qui permettait de passer dans le monde parallèle devenu le refuge de la méchante reine. Après avoir prit le temps de me réjouir de cette découverte, j'avais élaboré un plan qui me permettrait de récupérer mon trident. J'aurais pu tenter d'aller le chercher moi-même mais je n'avais pas que ça à faire. J'avais tout simplement décider d'envoyer Régina faire le sale boulot. Quelle surprise allait avoir la reine en me voyant débarquer. Je m'en réjouissais d'avance.

Après avoir préparé une potion qui allait me donner des jambes, je m'étais précipitée à l'entrée du passage. Je ne l'avais traversé qu'une fois et ce que j'avais vu m'avait semblé intéressant. Les gens avaient l'air tellement désespérés, perdus dans ce monde qui n'était pas le leur. Je m'en frottais les mains mais Régina allait être la première à avoir de mes nouvelles. Je débarquai donc à Storybrooke, loin des regards indiscrets. Je m'étais renseignée sur le code vestimentaire et m'étais habillée de manière sombre et strict. Je me faufilai entre les gens, essayant de passer inaperçu. Je levai la tête vers le ciel. Il était sombre, les nuages grondaient et quelques gouttes s'écrasaient déjà au sol. Quelle arrivée théâtrale me direz-vous.

Mes cheveux noirs s'agitaient au souffle du vent tandis que je m'avançai dans l'allée de ce qui semblait être la plus belle maison de Storybrooke. Décidément la reine ne faisait rien à moitié. C'était comme si elle voulait faire voir au monde qu'elle était supérieure. Arrivée face à la porte je sonnai avec assurance. Qu'elle allait être la réaction de Régina en me voyant ici ? Elle savait pertinemment qu'elle ne m'avait pas envoyé ici puisque la plupart des gens me croyait morte ou totalement affaiblie.

Je me tournai face à Régina pour lui adresser un sourire faux et m'avançai dans son salon. Depuis le temps qu'on se connaissait je n'allais pas me gêner. De toute façon elle allait bien me proposer quelque chose à boire non ? Quoique, elle serait bien capable de m’empoisonner, cette sorcière.

A peine avait-elle débarquer que Vanessa m'agaçait déjà. Sa façon de me parler, encore plus que lorsque j'avais vu sa frimousse devant ma porte. Quel fléau. En plus, elle se permettait de se plaindre alors que je lui avais réservé un accueil plutôt chaleureux. A ma manière bien sûr ! Mais je ne l'avais même pas agressée qu'elle n'aimait soit disant pas mon petit jeu. Douterait-elle que je puisse faire preuve d'un peu d'amabilité parfois ? Sûrement. Ceci dit elle avait raison, malheureusement depuis le temps elle avait bien eu l'occasion d'apprendre à me connaître. Enfin...pas tant que ça, finalement. C'était mieux ainsi, si cette moitié de pieuvre savait ce qui j'étais avant...Bref, de toute façon la Régina du passé n'est plus, elle est morte et enterrée depuis longtemps. La femme qui se tenait devant la Reine des mers était bien plus froide, hypocrite et manipulatrice. Seulement cette fois, je ne pouvais pas prétendre à manipuler une nouvelle fois ma chère et tendre rivale. Si elle était ici, ce n'était en effet pas une visite de courtoisie. Soupirant, agacée d'être dans la position de la « soumise », je déambulai dans mon hall pour aller chercher deux verres et quelque chose à boire. Un petit vin devrait suffire, bien que j'aurais eu besoin de quelque chose de bien plus fort pour essayer d'oublier ce que Vanessa venait me demander. Mais je n'échapperais pas à ces fréquentes visites, tant que je n'aurais pas récupérer ce qu'elle réclamait. En attendant, je n'avais pas l'intention de lui accorder la moindre sympathie.

« De Dieu épargne ta salive, je sais très bien pourquoi tu es de nouveau venue ici. Alors tu seras bien aimable de me laisser parler, sans m'interrompre. »

Autoritaire, comme toujours. Je lui fais un signe de tête pour lui indiquer de s'asseoir. Ensuite je pris place sur un fauteuil en face d'elle, déposant les verres et la bouteille sur la table basse. Je nous sers lentement, sans la regarder, repensant à notre première rencontre officieuse.


Un soir pluvieux, il a quelques temps.


C'est tout bonnement impossible ! Quelle hantise ! Ce visage, cette coiffure...sans aucun doute, la Reine des mers était belle et bien présente. Face à moi, me souriant d'un air triomphant. Garce, peste, comment diable avait-elle fait pour parvenir à Storybrooke alors qu'elle était sensée rester dans son océan ! Je bouillais, je la maudissais, je me maudissais, j'en avais marre, je voulais lui arracher son cœur et l'écraser pour de bon. Mais, pas de magie ici. Celle sur qui j'avais toujours eu l'avantage avait réussit à me retrouver pour se venger. Je me souviens avoir totalement perdu mes moyens ce soir-là. Dehors, sous la pluie, l'eau dégoulinant dans mes courtes mèches brunes, l'accueil pour Vanessa n'en demeura pas plus gai, une fois qu'elle m'appris l'existence du passage.

« Sois maudite, Ursula ! Comment as-tu fait ?? Pourquoi ? Je t'ai offert l'océan tout entier, qu'est-ce que tu veux de plus ? »

Et la sentence finit par tomber. Le trident du Roi Triton. Voilà ce qu'elle voulait. Ainsi donc c'était vrai, il était à Storybrooke.

« Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ! Ne me mêle pas à tes plans, ou tu perdras face à moi, comme toujours ! Démerdes-toi ! »

Et double sentence. Du chantage à présent. Si je ne lui livrais pas son bien, elle révèlerait l'existence du passage et laisserait passer jusqu'ici les indésirables que j'avais exprès laissés dans le monde des contes. Je ne pouvais pas prendre ce risque.

« Très bien tu l'auras ta fourche...Mais si tu me trahis, crois-moi tu mourras dans d'atroces souffrances, je te détruirais, même si c'est la dernière chose que je dois faire. Alors, ne dis rien, promets-le ! »

L'entretien se termina ainsi, la colère emparée de moi et ma rivale qui me souriait en retour. Je l'avais laissée là, rentrant chez moi en claquant la porte, trempée jusqu'aux os. Je la déteste.


Ce jour


Ce souvenir me fit trembler légèrement de colère, puis finalement je lui tends le verre que je viens de lui servir. Je m'efforce d'esquisser un léger sourire.

« C'est inutile que tu viennes si souvent. Je suis sur le point de te le retrouver, ton trident. Je compte me servir de la petite jeune amie de ce gnome machiavélique. Je ne sais plus si je t'avais mise au courant que c'est Rumplestilskin qui l'a. Enfin bref, ce sera bientôt fait. »

En réalité, j'étais loin de l'avoir, ce trident. Mais je ne pouvais pas avouer à ma rivale que j'avais toujours surpassée, que j'étais en difficulté face à Rumple. Je pris quelques gorgées de mon vin.

« Et où en est cette histoire de passage ? » mes sourcils se froncèrent. « J'espère pour toi que tu as bien gardé le secret. »

Je faisais donc face à la reine. Elle semblait tellement imperturbable. Calme mais semblant bouillir de l'intérieur. Je savais que ma présence lui était insupportable. En même temps je ne serais pas assise en face d'elle si elle m'avait ramené ce que je voulais. Je serais restée dans le monde des contes et aurait régné sur tout les royaumes qui étaient à ma portée. Mes yeux brillaient rien qu'à cette pensée. La toute puissance, pouvoir suprême. Je pourrais enfin écraser ce sale traite de Triton. Le vin coulant dans le verre couvrait le silence de nos pensées. Toutes deux concentrées sans s'adresser un regard. Comme elle me l'avait si gentiment demandé j'avais décidé de me taire et de la laisser s'exprimer. Même si je n'appréciais guère Régina je devais objectivement reconnaître que c'était une grande et puissante sorcière. Je ne l'enviais pas en tant que personne car sa vie était peut-être encore plus triste que la mienne, son pouvoir en revanche m'avait toujours attiré. Mes yeux fixent le vide, la tête baissée j'ai laissé mes pensées m'emmener hors d'ici.

Régina finit par me tendre mon verre de vin, me faisant ainsi relever les yeux. Je la remercie d'un signe de tête puisque ma voix semble l'exaspérer plus qu'autre chose autant se taire. Je gardais tout de même un peu de mépris dans mon regard. Je l'écoutais, gardant mon visage vide d'expressions. Néanmoins lorsque j'entendue le nom de Rumplestilskin une grimace m'échappa. Je n'avais pas encore eu la joie -ou le malheur- de croiser le ténébreux. Bien sûr j'en avais entendu parler, apparemment ce n'était qu'un pauvre homme lâche que la magie avait rendu puissant. Régina et moi avions au moins le mérite d'être nées sorcières. Pourquoi mettait-elle autant de temps alors ? Je posai mon verre de vin après en avoir bu quelques gorgées. Je devais avouer que Régina savait au moins recevoir ses invités. Je posais désormais ma tête sur la paume de ma main, la dévisageant de mes yeux bleus océan. « Je trouve juste que tu tardes un peu. Surtout que je ne vois pas en quoi Rumplestilskin serait un obstacle pour toi Régina. je soupirai, signe de mon impatience Non je n'ai rien dit mais ça ne serait tarder. Tu dois remplir ta part du contrat. » Mensonge, calomnie. J'avais effectivement mis au courant une personne mais elle avait su se faire discrète. Assez discrète pour que Régina n'y prête pas attention. La reine était prévenue, plus elle serait longue plus j'aurais du mal à garder ma langue.

Ce monde était bien différent du notre. Cependant je ne connaissais pas d'être plus machiavélique que notre chère reine ici présente. Elle était coriace, elle était surtout piégée. « Ce monde est dépourvu de magie mais tu dois bien avoir quelques tours dans ton sac, non ? » ou peut-être que ce Rumple était plus coriace que je ne pouvais l'imaginer. Avais-je misé sur le mauvais cheval en allant voir la reine ? Le trident finirait par être mien, avec ou sans l'aide de Régina. Il valait néanmoins mieux pour la reine que ce soit de ses mains que je le reçoive. Je tenais toujours mes engagements, de manière plus ou moins honnête mais je m'y tenais.

Et voilà qu'elle s'emportait maintenant. Tel un enfant qui se fait réprimander je restais devant elle sans rien dire. Je n'avais que faire de ses menaces. Tout ce qui m’intéressait c'est qu'elle me rapporte mon bien. Elle aurait dû être honorée que je pense à elle pour cette mission. En même temps toutes - ou presque - les personnes qu'elle avait envoyé dans ce monde étrange n'étaient rien de plus que des incapables. « Calme toi Régina. Je ne dirais rien si les délais sont corrects. Je te laisse 3 mois, si ces délais sont dépassés tu risques de voir apparaître des fantômes. »

Mon regard s'égara rapidement sur elle. Je savourais ma victoire silencieusement. Je n'avais pas peur de la reine, tant qu'elle était dans ce monde je ne craignais pas grand chose. Le monde des contes me convenait parfaitement. Storybrooke était trop petit comme royaume. Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi Régina n'avait pas fait quelque chose de plus digne d'elle. Restée près de la porte pour ne pas tremper sa demeure je m'apprêtais à repartir. Je lui avais tout dit, les dés étaient jetés.

Je reposai mon verre sur la table basse, scrutant son visage tandis que je m'expliquais. En effet je pouvais au moins reconnaître une qualité à cette chère reine des mers, comme convenu elle ne m'avait pas interrompue. Elle devait sûrement encore m'admirer pour ma supériorité par rapport à elle. Dans tous les domaines auxquels nous nous frottions, j'avais toujours été la meilleure et la surpassait de loin. Désormais je ne savais pas vraiment ce que je représentais pour Vanessa, si ses sentiments à mon égard étaient toujours les mêmes. Une chose est sûre, c'est que la demoiselle avait pris bien plus d'assurance face à moi, depuis qu'elle avait découvert la faille dans ma malédiction. La reine des mers m'avait piégée, elle me tenait entre deux tenailles, et j'étais bien obligée de lui obéir. Je déteste ce sentiment, surtout de la part d'une sorcière dont j'ai toujours été supérieure. Je n'avais plus le choix, Vanessa s'impatientait, et moi je n'avais pas vraiment avancé pour le moment. Pas par des faits, j'avais simplement une idée en tête. Infaillible, probablement. La méchante Reine parvient toujours à ses fins, c'est bien connu. Je croise les jambes, assise sur le fauteuil face à elle. Et mes bras viennent entourer mon genou, mes mains rejointes. Je ne la quitte pas des yeux, et je m'attendais à ce qu'elle me demande en quoi était-ce un problème que le trident soit en position de Rumpelstilskin. De toute évidence, Vanessa ignorait quelle étrange relation loin d'être amicale nous entretenions. Elle n'avait pas l'air de l'avoir déjà rencontré. Elle n'avait donc pas encore eu d'occasion de passer un accord avec lui, et ne savait pas à quoi s'attendre. Mais moi oui, et je savais qu'il fallait toujours en payer le prix fort. Je ne pouvais pas dire à la Reine des mers que désormais, Tracassin serait un obstacle de taille. J'aurais très bien pu me rendre en personne dans sa boutique, comme avant. Mais les choses ont changé. Je ne pouvais pas prendre de risques avec lui, surtout depuis l'évasion de Belle. Non pas que j'ai peur, bien évidemment ! Je suis juste...méfiante. Je l'ai toujours été envers lui, mais maintenant je vais devoir redoubler de prudence. Mais il est hors de question que Vanessa soit au courant d'une telle chose, voilà pourquoi je ne laissais toujours pas passer aucune émotion ou expression qui pourrait lui faire comprendre. Je lui répondis seulement, calmement :

« Je suis une femme très occupée ma chère, et pour être honnête je n'avais pas vraiment pris ta menace au sérieux jusqu'à maintenant. Mais ne t'en fais pas, ça va changer. Tu l'auras ton trident, plus tôt que tu ne le penses. Et ce n'est absolument pas Rumpelstilskin le problème, c'est juste le temps. Tu m'as donnée trois mois si je me souviens bien ? Nous n'en sommes qu'à deux. Alors, encore un peu de patience. »

La barboteuse m'assura alors qu'elle n'avait rien dit pour le moment. J'espérais qu'elle ne me mente pas. Malheureusement, cette dernière était probablement presque aussi manipulatrice que moi, alors je n'avais aucun moyen de savoir si elle me disait effectivement la vérité. Elle prenait exemple sur moi en somme, car je lui mentais également. Toutefois je décidai de lui accorder un sourire. Un sourire moqueur...

« Après tout ce temps que tu as vécu sans le pouvoir sur l'océan, tu peux bien tenir encore un petit mois, n'est-ce pas ? »

Un sourire et un air moqueur, tout en prenant mon verre pour boire encore quelques gorgées, rappelant ainsi à ma chère amie qu'elle n'a jamais réussit à prendre le pouvoir sur le Roi Triton. Contrairement à moi, qui ait toujours eu le pouvoir sur le monde des contes, y accomplissant un règne tyrannique. Un peu comme ici, à Storybrooke. C'était toujours moi qui menait la danse, les pouvoirs publics à ma botte. Et je ne pouvais m'empêcher à continuer de sourire, Vanessa continuant de me flatter. Enfin, pas vraiment, mais elle insinuait que j'étais toujours puissante, même sans magie. Du moins, je l'avais pris comme ça.

« En effet. Je n'aurais pas besoin de magie pour ça, mais j'ai mon plan. Crois-moi il est infaillible. » Mais j'étais bien placée pour savoir que même un plan infaillible peut avoir une faille, la preuve avec la malédiction de Storybrooke. « Toutefois, si jamais ça devait pas ne pas se passer comme je l'ai prévu, j'aurais toujours un plan B. » je fis allusion au peu de magie que j'avais amené avec moi, et cela serait suffisant.

Plutôt fière, je me cale bien au fond du canapé, toujours les jambes croisées et la regardant en souriant et passant une main dans mes cheveux.

Spoiler:

Régina allait bien trouver une pirouette pour s'en sortir. C'est bien la une de ses plus belles qualités. J'avoue que je n'étais pas si pressée que ça. Je pouvais régner tranquillement sur la moitié du royaume sans avoir de concurrence digne de ce nom. N'empêche que le trident voulait dire puissance suprême et que j'étais avide de pouvoir. Voilà qu'elle me lançai des piques. Je ne réagis pas et continuai à la fixer. Je savais au fond de moi que Régina avait toujours eut le pouvoir suprême. Triton et sa bande m'avait bien fait souffrir. Pour ma défense il fallait dire que l'océan n'était pas le meilleure endroit pour trouver des alliés. A part le peuple des sirènes et quelques monstres hideux il n'y avait pas grand chose la dessous. Pas grand chose de viable en tout cas. Aller demandé à un de ces monstres marins qu'il vous aide sans se faire dévorer dans la seconde. J'avais depuis un moment reprit du poil de la bête et je comptais bien me servir de ce trident pour rester au top niveau. Jamais une occasion pareille ne se représenterait, il fallait que je l'exploite à son maximum. Néanmoins Régina ne semblait pas dans cette optique puisqu'elle voulait que j'attende un mois de plus. J'estimais avoir été assez patiente mais en même temps avais-je le choix ? Bien sûr j'aurais pu aller le pendre ce trident mais je ne voulais pas me faire remarquer. Si j'usais de la magie je ne risquais pas de passer inaperçu. « Soit j'attendrais, je n'ai pas vraiment le choix de toute façon puisque visiblement tu as du mal. »

Mes yeux s'égarent un moment sur son verre de vin. Un plan ? Qu'attendait-elle pour le mettre à exécution s'il était si infaillible que ça ? J'avais le pré-sentiment que j'allais devoir attendre plus d'un mois. Si je n'étais pas venue ce soir elle aurait surement continuer à ne rien faire pour récupérer mon trident. J'étais coincée. J'étais obligée d'attendre que le fameux plan de Régina fonctionne. Je savais néanmoins que les gens intéressés par ce passage étaient nombreux. Tout ces pauvres malheureux qui cherchaient l'amour de leur vie ou bien même leurs amis. Je décidai de finir mon verre de vin et de me lever. « Très bien Régina, je te laisse un mois de plus. Si tu traines attends toi à avoir de la visite. » Je parlai d'un ton ferme qui se voulait presque impatient. Ce petit jeu, même s'il m'amusait au début ne me faisait plus rire. Je commençais même à douter du fait que Régina soit en mesure de s'emparer de cet objet. Peut-être n'étais-je pas aussi forte qu'elle dans notre royaume mais les temps avaient changés. J'avais regagné de ma puissance. Je décidai néanmoins de laisser faire la méchante Reine avant d'envisager un autre moyen de récupérer mon bien.

Je réajustai mes vêtements avant de me diriger vers la porte d'entrée. J'avais dit ce que j'avais à lui dire et ne comptais pas coucher là. De plus ma présence ne devait pas enchanter cette chère Régina. Je me tournai une dernière fois vers mon haute. « Tu as un mois Régina. Trente jours et pas un de plus. » La reine savait désormais ce qui lui restait à faire pour que je disparaisse une bonne fois pour toute. Il ne tenait qu'à elle de me rapporter ce que je voulais. Pour l'instant j'allais retourner dans notre monde et continuer mes petites affaires. Néanmoins je gardai un oeil sur la méchante reine. Je restais méfiante, cette garce pouvait faire des dégâts et ce avec ou sans magie.

Les dés étaient désormais lancés et c'était au tour de Régina de montrer ce qu'elle avait dans le ventre.

Je tourne la tête pour regarder ailleurs, dodelinant légèrement en soupirant. Bien, il semblerait que cette chère Vanessa n'ait plus confiance en ma réussite. Si toutefois elle l'avait été un jour. Elle y tenait vraiment à cette fourchette géante. Alors que ce n'était même pas sûr qu'elle fonctionne comme elle le désirait. Enfin après ce n'était pas mon problème. Il fallait tout d'abord que je parle à Belle, dans ma tête ce serait elle qui irait prendre à Gold ce trident. Et dans ce que j'avais prévu, il n'y avait aucune raison que ce monsieur m'en empêche. Je ne le savais pas encore ce soir-là, mais mes plans allaient se trouver contrariés, comme d'habitude. Rumplestilskin allait m'empêcher de m'approcher de Belle, ce qui signifiait que j'allais devoir aller lui demander moi-même. Quitte à passer encore je ne sais quel pacte avec ce petit lutin malfaisant. Ou user de la magie. Cela se révèlerait la solution la plus simple. En attendant, la belle des mers semblait se rétracter et m'accordait un délais supplémentaire. Trente jours seraient amplement suffisant si la petite amie de Gold se montrait coopérative. Sinon...et bien il faudra que je me dépêche pour mettre à exécution un plan B, voire un plan C...mais Vanessa ne devait pas se rendre compte de ma difficulté. Voilà pourquoi je me montrais si confiante et sûre de moi, alors qu'en réalité je n'avais aucune idée si cela fonctionnerait. Je l'arrêtai d'un doigt pointé sur elle :

« Je rectifie, détrompe-toi je n'ai absolument aucun mal ! Tu devrais savoir depuis tout ce temps qu'il n'y a rien que la méchante Reine ne parvient pas à obtenir. Trente jours ? D'accord. Tu l'auras, ton trident. Et peut-être même plus tôt que tu ne le penses. » Je m'arrête un peu à mon tour, reprenant mon souffle, et continuant sur un ton un peu moins pressé. « Une dernière chose. Quand j'aurais eu ton truc, j'irais d'abord m'assurer que tu n'as pas rompu notre accord avant de te le donner. Si quelqu'un apprend pour le passage, non seulement tu n'auras rien du tout, mais en plus crois-moi ma vieille tu connaîtras ta douleur. »

Non mais. Bon certes je n'avais plus de pouvoirs magiques, mais je n'avais pas besoin de ça pour rendre la vie des autres impossible. Sur ces derniers mots, Vanessa termina le verre de vin que je lui avais servit, puis se leva pour se rhabiller. Enfin elle se décidait à partir. Ce n'était pas trop tôt. Je soupirai presque de soulagement. Comme bonne hôte que j'étais, je fis l'effort de me lever également pour l'accompagner jusqu'à la porte. Je lui ouvris même celle-ci en la gratifiant d'un magnifique sourire hypocrite.

« Et bien ma chère, ce fut un franc plaisir de te recevoir en mon humble demeure...encore. Bon retour, et j'espère ne pas te revoir de sitôt. »

Je referme aussitôt la porte derrière elle, perdant ainsi mon sourire et poussant un très long soupire, exaspérée.