Devine qui vient dîner ce soir ?

Sujet: Devine qui vient dîner ce soir ? Mer 30 Jan - 20:07

« Quoi ? »

« Cette jeune fille est folle, vous n'imaginez pas les troubles psychologiques que sa mise en liberté lui infligeraient. Vous avez faillit à vos obligations Mademoiselle, il s'agit d'une erreur extrêmement grave. Je vous ferais renvoyer, et radier de l'ordre des professionnels de santé. Vous n'aurez plus le droit d'exercer. Incapable. »

« Oh, bonjour jeune demoiselle. Vous vous souvenez de moi bien sûr, n'est-ce pas ? »

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Se réhabituer à une vie normale était loin d’être simple. Durant des années elle avait vécu enfermée dans une minuscule cellule, à l’écart du reste du monde, sans même pouvoir contempler la lumière du jour. Elle ignorait qu’elle n’avait connu que cela dans son monde. Elle était au contraire persuadée qu’elle avait eu une vie ici, avant, à Storybrooke. Comment aurait-elle pu croire qu’elle avait été enfermée durant vingt-huit ans alors qu’elle n’en avait que vingt-six? C’était impossible, et absurde. Pourtant, malgré tout ce qu’elle avait espéré, les souvenirs ne revenaient pas et elle ne parvenait pas à réellement se sentir chez elle. Bien sûr, elle avait été extrêmement bien accueillie, et même plus que bien par Mr Gold, qui faisait tout pour la mettre à l’aise et assurer son confort. Elle n’aurait pu rêver meilleur hôte, elle plus elle apprenait à le connaître, plus elle l’appréciait. Elle avait le sentiment que l’écart qui existait entre eux s’amincissait peu à peu et elle espérait qu’un jour il disparaitrait totalement. Quant aux sentiments qui, disait-il les liaient autrefois, elle préférait ne pas y penser pour le moment, se sentant encore trop perturbée à l’idée d’avoir pu aimer quelqu’un qu’elle aurait oublié. Ses souvenirs ne revenaient pas et elle savait qu’elle devrait peut-être apprendre à continuer sans eux, même si elle avait encore du mal à vraiment s’y résoudre. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui lui était arrivé, ce qu’elle avait vécu. Elle devait bien avoir des parents, même s’ils n’étaient plus dans la région, même s’ils ne se souciaient pas de ce qui pouvait lui arriver. Le pire était de se dire qu’elle n’avait personne. A part Mr Gold, elle avait le sentiment que nul ne se souvenait d’elle, pas vraiment en tout cas, comme si, d’une certaine manière, elle n’avait jamais existé. Elle se sentait en décalage avec cet univers, avec cette ville qu’elle avait le sentiment de découvrir. Il y avait même des choses qui lui semblaient totalement étrangères, comme la télévision, ou le téléphone, dont elle avait dû apprendre à se servir. Pourtant, il s’agissait d’objets du quotidien, qui faisaient partie de la vie de tout un chacun. Alors pourquoi n’était-ce pas son cas à elle? Etait-ce normal? Elle n’en savait rien.

Ce jour là, comme chaque jour Edward était parti travailler à la boutique qu’il tenait, ou bien en ville, vu qu’il en était le propriétaire. En général, elle restait seule la matinée, parfois elle déjeunait avec lui lorsqu’il rentrait, puis elle sortait en ville. Néanmoins, même si elle n’était pas inactive, cette routine commençait à lui peser. Isabella était, d’une certaine manière, toujours Belle. Elle avait la même soif de liberté et d’indépendance, et actuellement, elle rêvait de travailler. Elle ignorait encore ce qu’elle aurait pu faire exactement, et ne se souvenait même pas si elle avait fait des études ou avait de l’expérience dans un quelconque domaine. La seule chose dont elle était certaine c’est qu’elle aimait les livres. En dehors de ça, rien. Elle savait qu’elle aurait pu sans peine demander de l’aide à son protecteur, mais elle avait envie d’apprendre à se débrouiller seule, même si elle se sentait déroutée dans cette ville qu’elle avait l’impression de ne pas connaître. En attendant, elle profitait de cette liberté nouvellement retrouvée, cette liberté qu’elle avait crue hors de portée.

Les semaines avaient passé et elle en avait presque oublié le maire et les dangers qui pesaient encore sur elle. Après tout, jusqu’à présent, personne ne semblait décidé à la poursuivre, malgré les nombreuses sorties qu’elle avait effectuées. Aussi, lorsqu’elle entendit sonner à la porte, elle ne se méfia pas, persuadée qu’il s’agissait de Mr Gold. Elle avait tort, car lorsqu’elle ouvrit la porte, elle se retrouva face à la personne qu’elle craignait le plus dans cette ville, celle qui était responsable de son enfermement. Elle eut immédiatement le réflexe de fermer la porte, mais trop tard, car elle fut bloquée par le pied de Regina. Elle regretta amèrement de ne pas avoir pris la peine de vérifier de qui il s’agissait avant d’ouvrir, mais à présent, il était impossible de revenir en arrière. Ne se souvenant que trop bien de ses angoissantes visites, elle lui lança un regard haineux.

« Qu’est-ce que vous voulez ? Je vous préviens, Mr Gold va arriver d’un instant à l’autre, et il ne sera pas ravi de vous voir ici. »

Bien sûr, c’était un mensonge. Elle était incapable de savoir où il était, ce qu’il faisait ou quand il rentrerait exactement. Elle ignorait les détails de leurs rapports, mais elle savait qu’elle le voyait comme une menace et qu’elle serait sans doute moins menaçante si elle parvenait à lui faire croire qu’il allait revenir. La vérité était que les souvenirs qu’elle avait de cette femme faisaient naître une certaine peur en elle, une peur qu’elle tentait tant bien que mal de dissimuler.

« Allons Miss, ce n'est absolument pas ce que vous croyez. N'ayez crainte, je ne vais pas vous faire de mal. »

« En réalité, je suis venue ici pour vous donner des explications concrètes. Je suppose que vous aimeriez bien savoir la raison qui m'a poussée à vous faire ça pendant tant d'années. »

« Je vous propose que nous allions toutes les deux marcher un peu, plutôt que de rester ici dans le froid, pour discuter de tout ça. Je sais que ça n'a pas été facile, mais croyez-moi je l'ai fait dans votre intérêt. En tant que Maire, c'est normal, et je vais vous expliquer. »

« Vous voulez bien me suivre ? Couvrez-vous bien surtout, hein. Vous allez voir, Storybrooke sous la neige est magnifique. »

Comment aurait-elle pu ne pas avoir peur ? Régina s’était bien arrangée pour qu’elle ne puisse que la craindre. Elle l’avait laissée dans l’ignorance pendant vingt-huit ans, ne venant la voir que pour la jauger comme si elle avait été satisfaite de la voir ainsi, enfermée, privée de tout secours, un animal en cage. Il était évident que la simple vue de cette femme suffisait à la faire frissonner, d’autant plus qu’elle ne s’était absolument pas attendue à recevoir sa visite. Elle avait cru comprendre que la maire craignait Mr Gold et elle n’aurait pas imaginé la voir débarquer ici. Elle s’attendait à ce qu’on la poursuive, mais pas jusqu’ici. Et malheureusement, le propriétaire des lieux n’était sans doute pas prêt de rentrer. Elle se doutait bien que son petit coup de bluff ne marcherait pas. Régina ne semblait pas prête à laisser tomber la partie. Elle eut même l’audace de tenter de la rassurer en souriant de manière amicale. Bien évidemment, Isabella n’était pas dupe. Elle en avait trop bavé pour avaler le premier mensonge que pourrait lui lancer cette femme. Elle tentait de paraître assurée, mais elle commençait néanmoins à paniquer, imaginant que des hommes viendraient bientôt pour la ramener dans sa cellule, à l’hôpital. Si seulement elle avait prit soin de vérifier de qui il s’agissait avant d’ouvrir la porte... Elle sentait qu’elle allait regretter cette imprudence, elle la regrettait déjà en vérité. Pendant que Mrs Mills lui parlait, elle réfléchissait intérieurement aux différentes possibilités qu’elle pouvait avoir de prévenir Edward. Il était le seul sur qui elle savait pouvoir compter, le seul qui, elle en était persuadée, reviendrait dès qu’il saurait qu’elle en éprouvait le besoin. Elle ne s’était jamais autant sentie en danger depuis le jour où elle s’était échappée de l’hôpital. C’est alors que Régina eut les mots qui lui offrirent toute l’attention de la jeune femme. Des explications, elle lui proposait des explications, à savoir ce qu’elle attendait depuis tout ce temps.

« Et vous croyez vraiment que je vais vous faire confiance après ce que vous avez fait ? »

Bien sûr que non, elle ne pouvait pas lui faire confiance, elle ne devait pas l’écouter, elle le savait. Il fallait qu’elle se ressaisisse. Mr Gold avait pu lui apporter certaines réponses, des réponses qui auraient dû lui suffire, du moins pour le moment. Voilà qu’à présent elle lui proposait une promenade en sa compagnie. Elle ne pouvait pas accepter, cela signifiait se jeter dans la gueule du loup. Et pourtant...

« C’est d’accord. Attendez-moi une minute. » Avant que son interlocutrice ait pu lui répondre, elle referma la porte.

Cette fois-ci, la maire n’avait pas empêché la porte de se fermer, comme si elle était persuadée qu’Isabella ne pourrait résister à son invitation. Mais elle avait tort, n’est-ce pas? Elle était peut-être amnésique, mais elle n’était pas aussi naïve. Non, il fallait qu’elle agisse au plus vite. Elle attrapa le téléphone et composa rapidement le numéro de téléphone d’Edward. Elle entendit une sonnerie, deux sonneries. Puis, elle raccrocha et reposa le combiné à sa place. Elle songeait aux réponses que pourrait lui apporter Régina, des réponses que même son protecteur ignorait. Elle allait très probablement regretté d’avoir suivi la maire, mais elle regretterait sans doute encore plus de ne pas avoir tenté sa chance. Le désir de savoir, de combler le vide de sa mémoire était si fort, si puissant qu’elle ne pouvait résister. C’était plus fort qu’elle. Elle se dirigea vers la penderie de l’entrée et prit son manteau, puis enfila ses bottes fourrées. Elle attrapa les clefs avant de sortir et de refermer la porte derrière elle.

« Allons-y. Je vous écoute, qu’avez-vous à m’apprendre ? »

A peine avaient-elles fait un pas que déjà, elle posait la question qui lui brûlait les lèvres. Elle n’avait pas l’intention de perdre son temps à converser et à se montrer polie envers une personne qu’elle détestait au plus haut point. Elle n’était évidemment pas à l’aise à l’idée de rester en tête à tête avec elle, mais elle pouvait espérer qu’à l’extérieur elle ne tente rien contre elle. Il lui faudrait se débrouiller pour qu’elles se dirigent vers des lieux plutôt fréquentés.

« Je ne vous demande pas de me faire confiance ou que l'on soit amies, je vous demande simplement une petite heure de votre temps afin de répondre à vos questions...en toute confidentialité. »

« Vous pouvez maintenant avoir tout le loisir de contempler notre paisible ville ! »

« Ne soyez pas trop hâtive non plus. Il ne serait peut-être pas prudent de trop vous en apprendre en une seule fois. Je dis ça pour votre bien, naturellement. Car vous aviez tendance à être plutôt...Enfin, cela n'a pas d'importance.»

« Tiens que diriez-vous d'aller un peu en forêt ? »

« Alors voilà, il faut que vous compreniez que votre passé n'est pas des plus faciles. Vous avez perdu beaucoup, vous avez essayer de récupérer par bon nombre de moyens. Mais vous avez échoué et vous êtes devenue une esclave, prisonnière de vous-même. Vous n'étiez plus la même, vous aviez changé, et votre douleur vous a fait causé de la souffrance. Une si jeune femme que vous avait besoin de se faire soigner, c'est pourquoi en tant que Maire j'ai déclaré une hospitalisation d'office. Pour votre sécurité, avant tout. Afin que vous suiviez une thérapie pour guérir. »

« Je vous aurais délivrée une fois la thérapie achevée. Mais il est encore trop tôt malheureusement, celui qui vous a fait sortir n'a pas réfléchit deux fois, pour sûr. Je suis sûre qu'il n'a même pas pris la peine de prévenir l'hôpital, ou bien moi-même. C'est bien imprudent, vous savez. »

Comme elle haïssait cette femme qui semblait prendre un cruel plaisir à la tourmenter ! Car Isabella n’était pas dupe de ses charmantes manières, elle ne se souvenait que trop bien des cruels sourires qui lui étaient adressés alors qu’elle était enfermée, impuissante. Les silences de cette femme, ses regards, tout cela avait été une véritable torture, une torture qui, elle le craignait pouvait très bien recommencer. Mais, après quelques minutes, elle sentit sa peur se calmer un peu. Il était vraisemblable que Régina ne soit pas là pour la ramener à l’hôpital. Si ça avait été le cas, elle ne serait pas venue seule, et elle n’aurait pas eu besoin de se montrer si aimable. Il restait la possibilité qu’elle cherche à l’attirer dans un piège, mais là encore c’était absurde : la jeune femme était seule ici, toute aussi vulnérable qu’elle pourrait l’être à l’extérieur. Néanmoins, sa proposition restait extrêmement douteuse, d’autant plus lorsqu’elle précisait que Gold ne devait pas en être informé. Elle acquiesça d’un signe de tête, mais elle savait parfaitement qu’elle serait bien incapable de conserver un tel secret, et n’avait d’ailleurs pour le moment aucune raison de le faire. Elle aurait sans doute dû refermer la porte et la laisser ainsi dehors, mais elle en était bien incapable. La maire avait fait mouche en évoquant des informations qu’elle pourrait éventuellement lui révéler et Isabella était toujours aussi curieuse d’en savoir davantage sur son passé, espérant qu’une bribe d’information serait capable de lui rendre ses souvenirs. Pour cette raison, elle accepta de la suivre, sachant malgré tout qu’elle risquait très fortement de le regretter par la suite. Elle était donc ressortie, suffisamment couverte en vue d’une promenade dans le froid hivernal. Elle attendit d’être sur le perron pour la questionner, mais comme elle s’en doutait; Régina ne comptait pas lui répondre si facilement.

Elle obéit donc et la suivit, n’ayant pas vraiment d’autre choix. Elle voulait une explication, plus que tout, elle voulait savoir pourquoi elle avait été traitée de la sorte, pourquoi elle avait été enfermée, privée de tout contact avec les siens, au point que même l’homme avec lequel elle entretenait visiblement une relation l’avait crue morte. En voyant sa hâte de quitter le voisinage, la jeune femme faillit perdre courage et retourner sur ses pas. Mais elle ne le pouvait pas. Le désir de savoir était bien trop fort. Elle avait espéré qu’elles se dirigeraient vers la ville, où elles pourraient être vus de tous et où, ainsi, elle serait bien plus en sécurité. Mais soudainement la maire fit une allusion fort mystérieuse sur son passé, ce qui lui fit oublier l’espace d’un instant tous les dangers qu’elle pouvait courir.

« Que voulez-vous dire ? Qu’est-ce que j’avais tendance à être ? Expliquez-vous clairement... »

La peur avait laissé place à un agacement certain. Oui, elle était lasse de tous ces gens qui semblaient en savoir tant sur elle mais ne savait que faire des allusions qu’elle ne comprenait pas. Cependant, les choses étaient loin de se passer comme elle l’avait prévu et lorsqu’elle vit qu’elles prenaient la direction de la forêt, Isabella voulut protester, mais Régina n’attendit même pas d’avoir son avis. Devait-elle la suivre ? Elle savait que Gold l’aurait désapprouvée et qu’il se serait même inquiété s’il avait su qu’elle l’avait suivie, après tout ce qu’il s’était passé. Mais après ce qu’elle venait de lui dire, après cette si énigmatique phrase, elle savait qu’elle ne pouvait faire autrement. Peut-être n’était-ce qu’un mauvais tour de cette femme, probablement d’ailleurs, mais et si elle pouvait réellement lui dire ce qu’il s’était passé ? Et si elle avait suffisamment de réponses à ses questions pour l’aider dans ses recherches ? Elle ne se sentait pas prête à perdre une occasion pareille, à perdre la possibilité de savoir ce qui lui manquait tant.

« Nous devrions peut-être retourner en ville... »

Mais sa suggestion passa inaperçue, et elle l’oublia bien vite d’ailleurs, à l’instant où sa compagne entra dans le vif du sujet. Là encore, elle demeurait vague, énigmatique, empruntant des formules imagées pour lui faire comprendre que quelque chose ne tournait pas rond chez elle. Que c’était son état mental qui avait provoqué cet enfermement, et non une machination de la part de cette femme pour atteindre Gold par ce biais. Elle refusait tout simplement d’admettre cette version comme étant la vérité.

« Mais qu’est-ce que vous sous-entendez ? Que je suis folle, c’est ça ? Vous pensez sincèrement que je vais avaler tous vos mensonges ? Si vraiment c’est la vérité, comment expliquez-vous que personne n’ait su où j’étais, que Mr Gold m’ait crue morte ? »

Elle s’était arrêtée et cette fois-ci la foudroyait du regard, oubliant la peur qu’elle avait éprouvée quelques minutes auparavant. Elle l’avait haïe par le passé et elle la haïssait encore plus aujourd’hui. Si elle était folle ? Bien sûr qu’elle s’était posé la question, elle n’avait pu faire autrement, et elle avait eu peur de cette perspective, terriblement peur. Mais depuis qu’elle avait rencontré le propriétaire de la boutique d’antiquités, elle ne le croyait plus, peut-être en partie parce qu’il s’agissait d’une perspective trop insupportable pour elle.

« Dites- moi ce qu’il s’est passé maintenant. Pourquoi m’avez-vous fait enfermer ? Si vous n’êtes pas disposée à me répondre clairement, je ne vois pas l’utilité de continuer cette promenade. »

Elle la jaugea de son regard perçant. Sa lassitude avait prit le pas sur la peur : cette femme lui avait tout volé en l’enfermant, et elle avait bien l’intention de lui demander des comptes.

« Je ne sous-entends rien, je le dis carrément. Sinon, comment expliquez-vous que vous vous soyez retrouvée dans un asile ? Et baissez d'un ton avec moi, ou je ne vous dirais rien de plus, et vous resterez dans votre ignorance jusqu'à ce que votre folie vous rattrape, et que j'obtienne un mandat d'hospitalisation d'office en soins de santé mentale. »

« Vous n'avez plus de famille, ma chère. Vous aviez un petit ami autrefois, mais il n'est plus là non plus. Mr Gold connaissait rapidement votre défunt père. C'est un vieil homme, comme vous avez pu le remarquer. Je suppose qu'il aurait préféré vous savoir morte comme le reste de votre famille plutôt que d'apprendre ce qu'il s'est réellement passé. Un excès de colère peut arriver Miss, mais au point de commettre l'irréparable...M'enfin. »

Gold se sentait toujours un peu anxieux lorsqu’il partait le matin et qu’il laissait Belle seule. Il savait qu’elle ne craignait rien dans sa maison, mais les choses n’avaient pas encore été mises au clair avec Régina et il savait à quel point la Reine pouvait se montrer sans limites en certaines circonstances. C’est pourquoi, chaque jour avant de partir pour ouvrir la boutique, il ouvrait la porte de la chambre de la jeune femme et l’admirait plongée dans le sommeil. Quelques fois elle se réveillait et il se sentait alors honteux d’avoir été surpris à la contempler ainsi. Toutefois, elle ne lui en avait jamais tenu rigueur.
Ce jour-là, il devait parler affaires et n’avait par conséquent pas pu rentrer pour le déjeuner. Les affaires pour monsieur Gold étaient un peu comme la magie pour Rumpelstiltskin, il était difficile de faire passer quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre avant. Evidemment, il évitait de songer ainsi, de faire les choses naturellement. Il avait perdu Belle en protégeant son pouvoir, il n’avait pas envie de consciencieusement recommencer. Malheureusement… Le mal était déjà en train de se faire.
Il prit conscience que quelque chose était en train de se produire quand le téléphone sonna et que l’émetteur du coup de file venait de chez lui. La sonnerie avait cependant été brève. Peut-être que Belle avait eu besoin de quelques choses et que, finalement, elle avait fini par se débrouiller seule ? Il aurait aimé en être certain, mais l’anxiété prit le dessus et il finit par demander à Eléazar de tenir la boutique pendant un petit moment.
Malgré sa jambe douloureuse, Gold avait fait le court chemin qui sépare la boutique de sa maison en un temps record. Celle-ci était fermée à clefs et il fut pris d’une terrible crampe au ventre quand il réalisa qu’elle était vide. Belle avait quitté les lieux, et son absence additionnée à l’appel ne présageait rien de bon. Il était très inquiet. Il connaissait les coins préférés de Belle par cœur et ne mit pas longtemps à se rendre à l’évidence que Belle n’était nulle part en ville. En fronçant les sourcils, il songea à Régina. Effectivement, en faisant plus attention, il se souvint que la voiture de madame le Maire n’était pas devant chez elle et qu’elle n’était également pas stationné devant l’hôtel de ville. Pris de panique, il se précipita et arpenta les rues, les bifurcations, tout.
Vingt minutes plus tard – et Dieu comme c’était assez long pour que le pire arrive ! – il se dirigea vers la dernière place possible : la forêt. Lorsque des fragments de phrases lui parvinrent aux oreilles, il reconnut la voix de Belle et de Régina. Il avait eu raison. Dès ce moment-là, il se fit loup et marcha silencieusement, s’approchant un peu plus de la source de paroles. Ce qu’il entendit le révolta. « […]votre famille plutôt que d'apprendre ce qu'il s'est réellement passé. Un excès de colère peut arriver Miss, mais au point de commettre l'irréparable...M'enfin. » Régina était-elle en train de laisser penser à Belle qu’elle était folle à lier, et meurtrière de sa famille de surcroit ?! La colère déforma les traits de son visage et toute envie d’être discret le quitta instantanément. « Comment oses-tu lui dire des choses pareilles ?! » Il crachait ces paroles comme du venin. « Après tout le mal que tu lui as fait… Pour qu’elle immonde créature te prends-tu ?! » Il s’était rapproché des deux jeunes femmes et avait saisi, avec toute la douceur dont il était capable à ce moment-là – le bras de Belle, la ramenant derrière lui pour devenir la barrière la séparant de Régina. Il ferma les yeux et se mit à ricaner. « Il est trop tard pour te racheter, trop tard pour effacer et dissimuler tes actes. Oh crois-moi, ce n’est que le début Régina. » Sa voix était de nouveau calme, mais la menace était très largement décelable : il ne plaisantait pas. « Reste sur tes gardes, mais rassure-toi, tu es tranquille pour le moment… » Son plan irait bien plus loin qu’une simple paire de baffes – qui le démangeait. « Maintenant, madame le Maire, seriez-vous assez aimable pour laisser cette jeune-femme tranquille ? » Il marqua une pause et plongea ses prunelles sombres dans celle de Régina, s’approchant un peu plus. « S’il-vous-plait. » Sur quoi il encercla les épaules de Bella de son bras protecteur.

Elle se sentait prise d’une sourde colère, une colère qui reflétait la rancune qu’elle éprouvait suite à tout ce qu’elle avait subie. Cette femme l’avait enfermée, coupée du monde et terrorisée. La vengeance n’était pas dans son tempérament, mais elle ne pouvait lui pardonner et surtout, elle voulait entendre ses explications, des explications claires sur son geste et sur son attitude. Elle en avait assez que les gens tournent autour du pot avec elle, qu’on la mette à l’écart de son passé, de sa propre existence. Depuis le début elle sentait que tout le monde lui cachait des choses. Même Edward ne lui avait donné que des détails flous, trop flous pour qu’elle puisse se faire un aperçu correct de sa propre situation. Poussée par cette colère, elle avait oublié la peur que lui inspirait cette femme et avait osé élever la voix contre elle, lui intimant l’ordre de lui dire ce qu’elle savait très exactement. Elle estimait qu’elle en avait le droit. Oui, cette vérité, Régina le lui devait. Mais croire qu’elle se calmerait, se soumettrait et lui dirait tout sans protester était une erreur, et elle s’en rendit très rapidement compte. A peine eut-elle pu exprimer sa rancoeur que Madame le maire la menaça d’une manière qui la glaça sur place. Retourner en hôpital psychiatrique? Hors de question, elle ne voulait même pas y penser tant cette perspective l’horrifiait. De nouveau, la crainte l’envahit face à cette femme qui semblait avoir tous les pouvoirs ici. Elle ne put qu’obtempérer et le manifester par un léger signe de tête.

Son regard était terrifiant, comme si elle était prête à lui sauter au cou pour l’étrangler. Après tout, elles étaient en forêt, au milieu de nulle pas et Gold n’avait très probablement aucune idée de l’endroit où elle se trouvait, ni même qu’elle était sortie d’ailleurs. Elle aurait donné n’importe quoi pour qu’il soit là et se maudit d’avoir suivi cette femme qui ne lui dirait probablement rien du tout. Cependant, une fois encore elle se trompait, car Mrs Mills lui donna d’autres explications, mais des explications qui lui glacèrent le sang. Il lui vint alors à l’esprit que si elle ne se rappelait de rien, c’est qu’il y avait peut-être une bonne raison. Que la vérité était peut-être pire encore que le vide. Elle avait envisagé que quelque chose de terrible ait pu arriver, mais rien qui puisse s’approcher d’une chose aussi terrible. Ses yeux s’écarquillèrent, reflétant son incrédulité et sa détresse. « Vous voulez dire que... » Bien sûr qu’elle avait compris, mais elle voulait encore croire qu’elle avait mal compris, qu’il ne s’agissait que d’une erreur, une erreur que, d’un mot, cette femme pouvait corriger.

Mais elles furent interrompues avant, une interruption qui était plus que bienvenue pour Isabella. En entendant la voix de Mr Gold, en le voyant s’approcher, elle crut qu’elle allait fondre en larme, à la fois de soulagement et de terreur face à cette épouvantable révélation. Il était furieux, réellement furieux. Jamais elle ne l’avait vu dans un tel état et elle commençait à comprendre pourquoi il pouvait être craint en ville. Néanmoins, elle n’avait jamais été aussi heureuse de le voir, mais elle était également terrifiée : et si tout ceci était vrai ? Et si lui non plus ne supportait pas ce qu’elle avait fait ? Mais pour le moment, il semblait révolté. Elle sentit la pression de sa main autour de son bras et se laissa ramenée derrière lui. Elle était si choquée qu’elle semblait incapable de réagir, comme une enfant qu’il aurait fallu guider. Elle ne parvenait plus à réfléchir rationnellement, y compris aux paroles de son protecteur, des paroles qui indiquaient clairement son désir de vengeance. Elle sentit son bras se poser autour de ses épaules et elle sut qu’elle était en sécurité, du moins, pour le moment. Néanmoins, après ce qu’elle avait entendu, ce n’était plus suffisant. Elle le regarda, lui, puis Régina. « Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que tout ça est vrai ? » Peut-être qu’elle mentait, oui. Mais il était possible aussi que ce soit la vérité. Et cette incertitude était insoutenable. Cette femme avait réussi à insinuer un terrible doute en elle, un doute qu’elle souhaitait voir disparaître, plus que tout.

« Très bien, je la laisse tranquille. »

« Tu peux toujours essayer de te mettre en travers de ma route. Mais j'obtiendrais ce que je veux. Même si c'est la dernière chose que je dois faire. »

« Je dirais simplement, foutaises que tout cela si vous pensez être en sécurité avec ce sale petit lutin malfaisant, Mademoiselle. Réfléchissez bien à ce que je vous ai dit, il semblerait qu'il y ait une part de vérité, même si il vous disait le contraire. »

« Bonne fin de journée. »

HJ : Finit pour moi, vous pouvez continuer tous les 2 ici ou ds un autre sujet, as you want Devine qui vient dîner ce soir ? 1231878489

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